Actes relatifs à l'exécution du
Traité de limites conclû le 24 mars 1760
entre la France et la Sardaigne
Les anciennes bornes frontières dans les Alpes-Maritimes
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"à noter que ces numéros n'ont pas été gravés ; seul les numéros de 1823
sont visibles"
B.
Verbal de limitation générale convenue entre les commissaires de S.M. le Roi de Sardaigne, et S.M.le Roi de France en exécution du Traité du 24 mars 1760.
En date du 4 octobre 1761
"... Nous Antoine Durieu, Ingénieur topographe de Sa Majesté le Roi de Sardaigne, et François Potain, Ingénieur géographe de Sa Majesté Très-Chrétienne, députés pour le plantement des bornes à faire ensuite de la limitation convenue entre nos Souverains par le Traité du 24 mars 1760, et par le procés verbal définitif de messieurs les Commissaires principaux, approuvé par messieurs les Ministres plénipotentiaires le 15 avril 1761, de même que pour le rétablissement de la limitation des grandes Alpes de l'année 1718, à teneur de nos commissions insérées au bas du présent, avons divisé notre opération en trois parties, dont
- La
première a pour objet la frontière entre : Nice et la Provence avec partie de
Barcelonnette (44 bornes)
- La seconde entre le Piémont et
partie de Barcelonnette et du Dauphiné (54 bornes)
- La troisième entre le
restant du Dauphiné et la Savoie (32 bornes)
Limitation entre Nice et la Provence avec Partie de Barcelonnette
Et commençant par la première partie, nous avons observé que depuis la mer jusqu'au ruisseau de Rioland, la limitation se trouvant établie dans le traité susdit par le milieu du plus grand cours du Var et de l'Esteron, il n'est besoin d'aucune borne pour la constater dans cette partie que sur les ponts de Rocasteron et de Cigale sur l'Esteron, et successivement sur ceux de Rioland ; et nous conformant à cet égard à la disposition de l'art. 9 du dit traité, nous avons fait poser dans le centre du dit pont de Rocasteron, qui est partie en bois et partie en pierre ; et sur la gauche d'icelui, allant de France à la Comté de Nice, un poteau de bois de chène (borne n°1), sur le quel nous avons fait apposer et dûement assurer les armes des deux Rois, relevées en bosse sur des plaques de fer battu, lesquelles armes, de même que celles des bornes suivantes, sont la Fleur de lis à la part de France, et la Croix blanche à la part de Savoye, en déclarant qu'à teneur de l'article 9 du traité, cette borne, de même que celles qui ont été posées sur les autres ponts, énoncées dans ce verbal, n'ont d'autre objet que d'indiquer le point de division de ces mêmes ponts, sans influer sur la limitation des rivières qui coulent au dessous d'iceux, les quelles à teneur du même Traité doivent toujours se diviser par le milieu de leur plus grand cours.
De là nous nous sommes rendus sur le pont de Cigale, qui est tout en maçonnerie, dans le centre du quel, et du côté gauche, allant de France dans la Comté de Nice, nous avons fait planter une borne (borne n°2) de pierre gravée aux armes des deux Souverains, comme dessus.
De là nous nous sommes transportés sur les ponts du Rioland, tous les deux en maçonnerie, et commençant par celui qui est proche de son confluent dans l'Esteron, nous y avons fait poser une borne (borne n°3) de pierre, gravée comme dessus dans le centre d'icelui, et sur la gauche, allant de France à la Comté de Nice ; et quand à l'autre pont tendant de Cigale à Salagrifon, son état ruineux et sa petitesse n'ayant pas permis d'y placer une borne, nous avons fait graver les armes des deux Rois sur deux rochers fixes (borne n°4), qui se trouvent, l'un sur la rive droite, et l'autre sur la rive gauche du dit ruisseau, en prenant pour point central la clef de voûte du dit pont.
De là la limitation suit, à la forme de l'art. 9 du Traité, par le même ruisseau jusqu'à la rencontre de celui de Chanan, successivement de celui du vallon de Saint Pierre, jusqu'à sa source, et de là tend à la Roche de Beaumont, où nous avons fait planter une borne (borne n°5) gravée comme dessus ; et de là la limitation suit en droite ligne sur le Col de Rigaudon, où nous avons fait planter une autre borne (borne n°6) comme dessus, doù la limitation se continue en ligne droite jusqu'à celle que nous avons fait planter à quinze pieds de l'angle supérieur de la bastide Josserandi qui reste sur la Comté de Nice.
De cette dernière borne (borne n°7) la limitation descend en ligne droite jusqu'au point de réunion des deux sources, ou branches du ruisseau de Gordans, d'où suivant ce même ruisseau jusqu'à la rencontre de celui de Valcroue, elle continue ensuite par ce dernier jusqu'à son confluent dans le Var ; la rapidité de ce torrent, et la quantité de pierres qu'il entraîne, n'ayant pas permis de faire planter une borne dans le milieu de son cours, nous avons crû devoir en faire placer une sur chaque bord, (borne n°8) (borne n°9) à la droite du chemin tendant d'Entrevaux au Puget de Teniers, et à égale distance du milieu du dit torrent pour indiquer que ce milieu doit être regardé comme le point de division des deux Etats, jusqu'au Var.
De là remontant le Var jusqu'à l'embouchure du ruisseau de Parcates, nous avons, par la même raison que dessus, jugé à propos de faire planter, ainsi que nous avons fait, sur les deux rives de ce ruisseau deux autres bornes (borne n°10) (borne n°11), à égale distance du milieu d'icelui.
De là la limitation remontant par ce même ruisseau jusqu'à sa naissance le long du vallon, elle vient aboutir à la sommité d'Aurefol, lieu dit la Cime du Collet de Thibau, où nous avons fait planter une autre borne (borne n°12) gravée comme dessus.
De là la limitation descend en droite ligne sur le Col des Lacs à la cime du Vallon des Rivets, où nous avons fait planter une borne (borne n°13) gravée comme dessus, d'où la limitation suit par les cimes et crêtes du dit Vallon des Rivets jusques sur la plus haute sommité du Rocher d'Urban, sur le quel nous avons fait graver les armes des deux Rois (borne n°14), avec le millésime de 1761.
De la sommité du rocher d'Urban la ligne des limites tire droit aux terres du Clot, du Col de Saint Léger, et dans cet endroit nous avons fait placer deux bornes (borne n°15) (borne n°16), l'une sur le dit Col de Saint Léger, et comme elle ne pouvait se voir depuis le rocher d'Urban, nous en avons fait poser une intermédiaire à la distance de 115 toises* en avant de celle du dit Col de Saint Léger.
De cette dernière borne plantée à 20 toises de distance de la source du ruisseau du vallon de S. Léger, la limitation continue par le cours du même ruisseau jusqu'à son confluent dans le Var, qu'elle traverse et tire de là en droite ligne à la sommité du Collet des Charbons, et dans cet espace nous avons établi trois bornes : la première sur deux rochers fixes (borne n°17) que nous avons fait graver aux armes des deux Rois sur la gauche du chemin tendant d'Entrevaux à Guillaume, pour indiquer que la ligne de division prend dans cet endroit par le milieu de la distance de 9 pieds, six pouces, qu'il y a de l'une à l'autre de ces armoiries ; la seconde borne (borne n°18) a été plantée dans le mas de Champaillayre, et dans une piéce de terre appartenante à Joseph Malavard, et à treize toises du ravin de la Lauve ; et la troisième (borne n°19) sur la plus haute sommité du Collet des Charbons.
De cette dernière borne la limitation descend par les crêtes et sommités des eaux pendantes, d'où elle remonte par le sommet du Collet de la Ramillière, et suivant les crêtes elle tombe ensuite sur le Col appellé le Pas de Saint Martin, et remontant par les hauteurs de Martiniac, et suivant toujours les crêtes, elle vient tomber sur le col de Saint Pons, où après avoir traversé la pièce de terre d'Antoine Robin, elle vient aboutir à la borne (borne n°20) que nous avons fait planter sur le dit Col de Saint Pons, à droite du chemin allant de France à la Comté de Nice.
De là la limitation continue par les crêtes passant ensuite par le pas de Bellons jusques sur le plateau appellé le Clot de Guerin, au pied d'un grand penchant et au dessus de la fontaine du même nom, où nous avons fait planter une borne (borne n°21) gravée comme les précédentes, et de là la limitation remonte par les crêtes jusque sur le Serre de la Latte au dessus du pré du Clot de la Latte où nous avons aussi fait planter une autre borne (borne n°22) comme dessus ; et de là la limitation continuant par les sommités de la montagne de Peragrossa jusque sur le Serre, soit Serrière du même nom, nous y avons fait planter une autre borne (borne n°23).
De là la ligne des limites descendant et passant par la basse de Melline suivant les eaux pendantes, elle remonte ensuite par les crêtes jusques sur le rocher appellé la Cime de l'Erigier, d'où continuant par les sommités, elle monte jusque sur la cime de Varmonette soit de Peragrossa, où nous avons fait planter une autre limite (borne n°24), d'où la ligne de division descendant le long de la crête, remonte ensuite sur la cime de Forciau, où nous avons fait graver sur un rocher (borne n°25) fixe les armes des deux Souverains, pour tenir lieu de limitation.
Du centre de la distance qu'il y a entre ces deux Armoiries la limitation descend par les crêtes des rochers jusque sur celui du Clot de Dourmilliouse, sur le quel nous avons fait graver (borne n°26) les armes des deux Souverains, avec le millésime pour la même fin que dessus ; et de là la limitation continuant par les crêtes des rochers, vient tomber sur le Pas de Sangary, où nous avons aussi fait graver (borne n°27) les armes des deux Rois à la gauche du chemin allant de France à la Comté de Nice.
De là la limitation continuant par les crêtes, et remontant jusque sur les plus grandes hauteurs, descend ensuite sur le Pas, soit Col de Robines, où nous avons fait graver (borne n°28) les armes des deux Rois, comme dessus, sur un rocher fixe à la droite du chemin, allant de France à la Comté de Nice.
De là la ligne des limites continuant par les crêtes de rochers inaccessibles, passe par les sommités du Puis, du Grand Caira des Heurres de Pellens, et successivement de rocher en rocher jusque sur la pointe, soit cime de la Pellonière, d'où suivant les crêtes et sommités des eaux pendantes, elle vient tomber sur les hauteurs du Col des Champs, et sur un petit Serre, qui se trouve au dessus de la cabanne de la dite montagne du Col des Champs, qui reste sur la Comté de Nice, sur le quel Serre nous avons fait planter une borne (borne n°29), comme dessus ; dès la quelle la limitation suit par les eaux pendantes en tournant autour de la dite Cabanne jusque sur une Serrière basse, où nous avons fait planter une autre borne (borne n°30) à cinq toises de l'angle inférieur de la dite Cabanne.
De là la ligne des limites suit la direction des eaux pendantes, et la sommité de la susdite Serrière basse jusqu'au Col des Champs, où nous avons fait planter une autre borne (borne n°31) à la droite du chemin tendant de Colmars à Saint Martin.
De cette borne la limitation suit par les eaux pendantes, et au travers d'une petite plaine jusqu'à une autre (borne n°32) que nous avons fait planter sur une petite hauteur à la gauche du chemin tendant de Colmars au village d'Entraunas, à 50 toises de distance de la précédente borne ; et de là la limitation continue par la crête et sinuosité des eaux pendantes, et remonte ensuite jusqu'au sommet du Serre de Bonnefond, où nous avons fait planter une autre borne (borne n°33) gravée comme dessus.
De là la ligne des limites continue par les crêtes des rochers en passant par la sommité de Testa Bolona, et par les crêtes des rochers in accessibles jusqu'à la pointe de la montagne de l'Encombrette, où se termine la limitation de 1718, et de là elle continue par les crêtes des eaux pendantes de la manière exprimée par les Verbaux de placement de bornes, de la même année, aux détails des quels nous avons crû devoir nous rapporter dans toute l'étendue de la frontière limitée par ces mêmes Verbaux : c'est à dire depuis la dite pointe de l'Encombrette jusqu'au Col de Valmenier, attendu que notre commission se réduit, pour ce regard, au rétablissement des bornes caduques ou manquantes ; et pour y satisfaire nous avons parcouru exactement toute cette partie de la frontière, et avons observé, qu'il étoit à propos de planter, ainsi que nous avons fait, une borne (borne n°34) sur le Col de la Calliole à la droite du chemin allant de France dans la Comté de Nice, et suivant de là au travers de la montagne du Col de la Cailliole, et par les sinuosités que forment les eaux pendantes jusque sur un gros rocher fixe, nous y avons, en signe de limitation, fait graver les armes (borne n°35) des deux Rois, et suivant toujours les eaux pendantes, nous avons trouvé un autre rocher élevé de dix à douze pieds, au dessus de terre, sur la surface orizontale du quel nous avons fait graver (borne n°36) les armes des deux Rois comme dessus ; et à 56 toises, 4 pieds** de là, allant du midi au nord, nous avons trouvé la borne (borne n°37) plantée en 1718 sur le Col de la Calliole, à la droite du chemin allant de France à la Comté de Nice, la quelle borne n'étant point solide, nous l'avons fait rassurer.
De là suivant la frontière jusque sur le Col de la Gippière, et à la droite du chemin allant de France à la Comté de Nice, nous avons crû devoir y faire graver les armes des deux Souverains sur un rocher (borne n°38) qui s'y trouve avantageusement placé pour cet objet, d'où nous étant transportés sur le col de Sanguinière qui sépare le territoire de Fours dans la vallée de Barcelonette, de celui d'Entraunas dans la Comté de Nice, nous y avons fait aussi graver (borne n°39) dites armoiries pour la même fin.
De là passant au col de la Braïse, soit de Sanguinerette, nous avons crû devoir y faire planter une borne (borne n°40) à la droite du chemin allant de Fours et d'Entraunas à Saint Dalmas le Sauvage, d'où nous étant ensuite rendus sur le col de l'Escuissier soit de la Moutière, qui sépare le dit territoire de Fours de celui de Saint Dalmas le Sauvage, nous avons fait graver les mêmes armoiries sur un rocher (borne n°41) qui s'est trouvé à fleur de terre, à la gauche du chemin tendant du dit Fours au même Saint Dalmas.
De là nous avons passé au col de la Bonnette, où nous avons crû devoir faire planter une borne (borne n°42) gravée comme dessus, à la droite du chemin allant de France à la Comté de Nice, d'où nous nous sommes rendus sur le col de Vermillion, où nous avons trouvé la borne (borne n°43) plantée en 1718, en mauvais état, et presqu'effacée, pour être de pierre ardoisine, et faute d'en avoir pu trouver d'autre de meilleure qualité, nous avons fait refaire la gravure des armes, et dans sa vraie position.
De là nous avons passé au col de Pelousette où nous avons crû devoir faire planter une borne (borne n°44) gravée comme dessus à la droite du chemin allant de France à la Comté de Nice, et de là jusqu'à l'extrémité de la frontière de ce même Comté, la limitation suivant par les crêtes et eaux pendantes qui sont pour la plus part d'un accés impraticable jusqu'à la pointe dite la Tour du Prez, ou le rocher des quatre Evêques, nous n'avons pas trouvé convenable, ni même praticable d'y placer aucune borne, de sorte que nous avons terminé par là la limitation de la Comté de Nice avec la Provence, et partie de la vallée de Barcelonette qui fait la première partie de nos opérations.
La suite de ce Verbal concerne la
Limitation
Passant à la seconde, qui a pour objet la limitation entre le Piémont et la France, et nous rapportant pour les détails soit pour la description de cette partie de la frontière aux verbaux de 1718, nous nous sommes bornés, suivant notre commission, au rétablissement des bornes caduques, et à l'addition des manquantes, dans les endroits susceptibles de quelque contestation, et nous nous sommes rendus d'Alpe en Alpe jusque sur les hauteurs du col de la Magdelaine, et dans l'endroit appellé le Pré de Saint Antoine, où nous avons fait planter une borne gravée (borne n° 1) comme dessus dans le col, soit crête qui fait la séparation des dites hauteurs d'avec le serre de la Parc.
De là la limitation suit par la sommité des crêtes jusque sur la hauteur du Serre de la Parc, où nous avons fait planter une autre borne (borne n° 2) comme dessus, d'où la limitation se repliant du côté du lévant, et passant par la cime des prés nommés la Gavia, jusque sur le serre du même nom, nous y avons fait planter une autre borne. (borne n° 3)
De là la ligne des limites se repliant du côté de septentrion va en ligne droite à la borne plantée en 1718 sur la plaine du col de la Magdelaine, que nous avons trouvé mutilée avec les armes effacées, ce qui nous a obligé d'y placer une autre borne (borne n° 4) gravée comme dessus à la droite du chemin allant de France en Piémont, d'où la limitation traversant la plaine du dit col en droite ligne jusqu'au bas du coteau appellé le Moure de Bargemont, où étoit la borne plantée en 1718 en très mauvais état, nous y en avons substitué une autre (borne n° 5) gravée comme dessus.
De là la limitation suit par les crêtes du dit Moure de Bargemont jusque sur le Moure de la Magdelaine appartenant à l'ordre de Malte, où nous avons crû devoir faire planter une autre borne (borne n° 6) gravée comme dessus dans les prés appartenans au dit Ordre, d'où la limitation se repliant du côté du septentrion, suit en ligne droite, et au travers des prés procédés d'Antoine Donaud, jusqu'à la fontaine de la Blave, et successivement jusqu'à la pointe du rocher appellé la Vieille Cabanne du Berger de la Blavette, sur le quel nous avons fait graver (borne n° 7) les armes des deux Rois.
De là la ligne des limites suit en ligne droite jusqu'à la cime de la Platasse, d'où tournant du côté du Lévant, et passant par les crêtes de la montagne de Pied Roussin, et de l'Amortis, elle descend suivant les eaux pendantes au col de Ruburent, ou de Rifbruyant, sur le quel col, divisé par sa sommité, nous avons trouvé, la borne (borne n° 8) plantée en 1718, à la quelle par rapport à sa caducité et mauvais état, nous avons été obligés d'en substituer une autre dans le même endroit, et d'en faire de même par rapport à celle (borne n° 9) qui fut aussi plantée en 1718 à mi-côté sur le penchant du dit col de Ruburent, qui donne la direction au rocher fixe (borne n° 10), sur lequel furent gravées en 1718 les armes des deux Rois sur la plus haute sommité du dit col de Ruburent, que nous avons trouvé en bon ordre, et laissé dans le même état.
De là la ligne des limites doit aux termes du Verbal de 1718, continuer à travers des cimes, et crêtes des rochers de la montagne d'Oronaye jusque sur les crêtes et sommités du col des Monges, sans qu'on doive partant avoir égard à ce qui peut avoir été énoncé, ou projetté différemment dans notre Verbal de visite de l'année dernière, et ayant trouvé, que les armes de la borne plantée sur le dit col des Monges en l'année 1718 étoient effacées, nous les avons fait graver de nouveau.(borne n° 11)
De là nous avons suivi la frontière jusqu'au col de Sauteron, où nous avons crû devoir faire planter une nouvelle borne (borne n° 12) à gauche du chemin allant de France en Piémont ; et nous étant ensuite rendus sur la cime du vallon dit Vallonet, nous avons aussi crû devoir y faire graver (borne n° 13) en signe de limitation les armes des deux Rois sur un rocher horizontal, et nous avons été obligés d'en faire de même sur un rocher (borne n° 14) du col de Maurin, à la gauche du chemin allant de France en Piémont, attendu que les armoiries qui y avoient été gravées en 1718 étoient presqu'entièrement effacées.
De là suivant toujours la frontière, nous nous sommes rendus sur le col de l'Altaret, où nous avons crû devoir faire planter une nouvelle borne (borne n° 15) à la gauche du chemin tendant de France en Piémont, d'où nous nous sommes transportés sur le col de Longet, où avoient été gravées en 1718 les armes des deux Rois sur deux rochers à 9 pieds de distance l'une de l'autre ; et comme celles de France étoient, sur une pierre ardoisine presque entièrement effacées, nous y avons fait substituer dans la même direction une borne (borne n° 16) de pierre gravée aux armes de France seulement, avec le millésime, pour indiquer que le point de division prend par le centre de la distance qu'il y a entre cette même borne, et les armes gravées en 1718 sur l'autre rocher, que nous nous sommes contentés de rafraîchir.
De là la limitation suit en ligne droite jusqu'à la borne (borne n° 17) plantée en 1718 sur le col du Longet à la droite du chemin allant de Piémont en France, que nous avons trouvé, et laissé en bon état, et de là passant au col de l'Agnière, nous avons crû devoir y faire planter une borne (borne n° 18) à la gauche du chemin allant de France en Piémont, et venant ensuite au col de Saint Veran, nous avons fait graver sur un gros rocher (borne n° 19) à la gauche du chemin tendant de France en Piémont les armes des deux Rois.
De là nous avons passé au col de l'Agnelle, où par rapport au chemin fort fréquenté tendant de France en Piémont, nous avons crû devoir faire planter une nouvelle borne (borne n° 20) gravée comme dessus à la gauche, et à 4 toises du dit chemin, d'où suivant la frontière, nous nous sommes ensuite rendus sur le col de la Traversette, où nous avons trouvé un rocher à la droite du chemin allant de Piémont en France, sur lequel nous avons fait graver (borne n° 21) les armes des deux Rois.
De là nous nous sommes rendus sur le col de la Croix, où, par rapport à un chemin allant de France en Piémont, nous avons crû devoir faire planter une nouvelle borne (borne n° 22) à la gauche du dit chemin, gravée comme dessus, d'où passant au col d'Urine, où nous avons trouvé un autre chemin tendant de Piémont en France, nous avons aussi crû à propos d'y faire planter, ainsi que nous avons fait, une nouvelle borne (borne n° 23) à la droite du dit chemin.
De là passant au col de Mallaure, soit de Mallorde, où est un autre chemin tendant de France en Piémont, nous y avons fait placer une autre borne (borne n° 24) à la gauche du même chemin, d'où nous étant rendus sur le col Bouchier, nous y en avons fait planter une autre gravée (borne n° 25) comme dessus, à la gauche d'un chemin tendant de France en Piémont.
De là passant au col de Saint Martin, soit de Prales, nous avons crû devoir y faire planter une nouvelle borne (borne n° 26) à 7 toises, et à la droite d'un chemin tendant de France en Piémont ; d'où nous nous sommes ensuite rendus sur le col de la Mayte, et à la gauche d'un autre chemin allant de France en Piémont, où nous avons aussi fait planter une borne (borne n° 27) gravée comme les précédentes.
De là passant au col des Thurres, nous avons fait planter une nouvelle borne (borne n° 28) à la gauche du chemin allant de France en Piémont, d'où suivant toujours la frontière jusqu'à mi-côte du penchant du col de Chabaud, nous avons crû y devoir faire planter une nouvelle borne (borne n° 29) que les Consuls et Communiers des Servières en France et des Thurres en Piémont, ont en même tems regardé comme divisoire de leurs communaux respectifs ; et de cette borne la limitation suit en ligne droite jusqu'à celle qui fut plantée en 1718 sur le dit col de Chabaud, soit de la Molle, par le moyen d'un pillier de maçonnerie, qui se dépérissoit chaque jour, ce qui nous a obligé de substituer une borne (borne n° 30) de pierre à côté du dit pilier et dans la même direction à la droite du chemin allant de France en Piémont.
Nous avons crû devoir en faire de même par rapport aux autres piliers, soit dés de maçonnerie, qui furent construits en 1718 au pied de la montagne dite rnière ; sur le sommet du Serre de l'Alpet ; sur celle de Larreille ; sur le bas du Serre de Saurel t le col de Servierette ; et sur le Serre de soit sur les crêtes froides, et dans ces cinq s nous avons fait planter des bornes (borne n° 31) (borne n° 32) (borne n° 33) (borne n° 34) (borne n° 35) de pierre comme dessus sur la même direction des ... dés, pour assurer toujours plus la limitation de cette partie.
De là passant sur la cime de Saurel, nous avons fait graver (borne n° 36) les armes des deux Rois sur un rocher que nous avons trouvé sur la plus haute sommité, formant la limitation des communautés des Servières en France, Césane et Bousson en Piémont ; d'où nous étant rendus sur le col de Gimont, nous y avons fait planter une nouvelle borne (borne n° 37) comme dessus, à la droite du chemin allant de France en Piémont.
De là suivant toujours la frontière, nous nous sommes rendus à mi-côté du penchant de la Loubattière dans un endroit appellé le petit Clot de la , où nous avons fait planter une nouvelle borne (borne n° 38) ; La limitation tend en droite ligne à la borne plantée en 1718 au pied de la dite montagne de la Loubattière ou de la Plane, lieu dit aux Saignes de Gia dont il ne restoit que l'ancien socle, à côté duquel nous avons fait planter une autre borne. (borne n° 39)
De cette borne, la limitation avoit été désignée en 1718 par le moyen d'un fossé au travers de la plaine du mont Genevre, le quel se trouvant présentement , nous avons crû le devoir constater à perpétuité, au moyen de deux nouvelles bornes (borne n° 40) (borne n° 41) que nous avons né au dit fossé, l'une dans le pré de Charmet et l'autre sur la côte de Graret à la gauche du sentier tendant du Mont Genevre aux Clavières, passant en droite ligne à la borne plantée en 1718 sur une petite hauteur, qui se trouve dans le milieu de la plaine du mont Genevre nommé le Graret, dont il ne restoit plus que le socle, aux côtés du quel nous avons été obligés de faire planter une autre borne (borne n° 42) , la quelle, avec les quatre précédentes forme une ligne jusques à la pointe de la Loubattière.
De cette dernière borne, la limitation revient en droite ligne sur une autre plantée en 1718 sur la du grand chemin tendant de France en Piémont dans le champ dit derrière le Collet, dont il ne restoit que le socle, sur le quel nous avons fait graver (borne n° 43) le nombre 1718 de même que sur les socles précédens et suivans, et nous avons fait planter à côté de ce dernier une autre borne (borne n° 44) gravée comme dessus, la quelle borne divise par moitié la distance de 1116 toises, qu'il y a du village de mont Genevre à celui de Clavière, suivant la convention et la limitation de 1718.
De cette dernière borne la limitation suit en droite ligne jusque sur le Serre de Peyara, où nous avons cru devoir faire planter une nouvelle borne (borne n° 45) gravée comme les précédentes ; d'où suivant toujours la frontière nous sommes arrivés sur le Serre de l'Infernet, au dessus du col des Acles, où nous avons trouver la borne de pierre de tuf plantée en 1718, dont la partie supérieure a été culbutée au bas du dit Serre, pour arracher le fer et le plomb qui l'unissoit avec le socle ; et pour prévenir pareil inconvénient dans la suite, nous avons fait planter une autre borne (borne n° 46) de tuf, mais d'une seule pièce, à côté du dit socle, et dans la même direction gravée comme les précédentes ; et de là passant sur la hauteur ou Serre du Laus, nous avons trouvé la borne qui y fut plantée en 1718 dans le même état que la précédente, et y en avons fait substituer une autre (borne n° 47) de la même manière.
De là passant au col des Acles nous avons trouvé un rocher fixe à la droite, et à quatre toises du chemin allant de France en Piémont ; et nous y avons fait graver (borne n° 48) les armes des deux Rois, pour indiquer aux passants la division des deux Etats dans cet endroit-là, comme dans tous les autres passages où nous avons pratiqué la même chose ; et la ligne de limitation nous ayant conduits au col de l'Echelle à l'endroit nommé la Croix, ou le Serre des parties, nous y avons trouvé la borne plantée en 1718, renversée et culbutée dans sa partie supérieure, et le socle fendu, ce qui nous a obligé d'en faire planter une autre (borne n° 49) d'une seule pierre dure, et de bonne qualité, gravée comme les précédentes avec le millésime de 1761.
De là passant au lieu de la Sea dans la montagne des Tures, nous y avons fait planter une nouvelle borne (borne n° 50) de pierre de tuf dans l'endroit où la limitation se replie ; et de là nous nous sommes rendus sur la plaine de l'Alpe des Tures, où nous avons trouvé la borne de tuf plantée en 1718 brisée comme les précédentes dans sa partie supérieure, ce qui nous a obligé d'en faire planter une autre (borne n° 51) d'une seule pièce à côté de l'ancien socle, à la droite du chemin allant de France en Piémont, et vis-à-vis le lac inférieur, qui reste sur le Piémont.
De là nous nous sommes rendus sur les hauteurs de l'Alpe des Tures, et dans l'endroit où la limitation se replie, où nous avons cru devoir planter une nouvelle borne (borne n° 52) de pierre dure, gravée comme dessus ; de là continuant par les hauteurs de l'Alpe des Tures, toujours suivant les eaux pendantes, nous avons trouvé le socle de la borne plantée en 1718 à l'endroit nommé la Petite Cotte vis-à-vis le lac supérieur dit Belletis, qui est également sur le Piémont, sur le quel socle qui reste d'une hauteur suffisante, nous avons crû qu'il convenoit de faire graver (borne n° 53) les armes des deux Rois.
Et pour terminer le rétablissement de la limitation de 1718 nous nous sommes rendus sur le col de Laval soit du Chardonnet, où nous avons trouvé les armes des deux Rois, qui avoient été gravées sur un rocher en 1718 presque effacées, nous les avons fait réparées (borne n° 54), et rafraichir avec les millésimes de 1718 et 1761. Et au moyen de ce que nous avons terminé la seconde partie de notre opération, qui sans s'écarter aucunement de la limitation de 1718, ne tend qu'à la perpétuer, et constater toujours mieux.
La suite de ce Verbal concerne la
Limitation
entre le restant du Dauphiné et la Savoie.
La troisième partie concernant la frontière entre la Savoie et partie du Briançonnois et du Dauphiné, commence par le rocher qui est au couchant du col de Valmeynier, et qui fait le confin entre le Briançonnois, le Piémont et la Savoie ; et de là la limitation suit entre la Maurienne et le Dauphiné par la sommité des eaux pendantes et des glaciers de la Muande ou de l'Encochette, et ensuite par la plus haute pointe du rocher de l'Eguille noire, d'où se repliant au midi elle tombe sur le col des Rochilles, et remontant à la pointe de la Portette, elle descend sur le col de ce nom, et ensuite sur celui de la Poussonière, et remontant de nouveau par la cime des glaciers de la Glapière, à la grande pointe du Galibier, elle descend sur le haut col de ce nom, où il y a une croix de bois à la droite du chemin allant de France en Savoie ; et à la gauche du même chemin nous y avons fait planter une borne (borne n° 1) de pierre gravée aux armes des deux Rois, chacune du côté de leur Souveraineté, avec le millésime de la présente année, ce qui a été également pratiqué pour les bornes suivantes.
De là nous nous sommes rendus sur le bas col du dit Galibier,où nous avons crû devoir faire planter une autre borne (borne n° 2) de pierre gravée comme dessus à la droite du chemin de France allant en Savoie, d'où suivant toujours la frontière d'Alpe en Alpe jusque sur les hauteurs de la Montagne de Tiraquaz, en commençant par le Plateau dit le Gros Crest, nous y avons fait planter une borne (borne n° 3) comme dessus, pour prévenir par là et par les suivantes les difficultés qui se pouvoient élever dans cette partie ; et par cette raison nous avons crû devoir en faire planter une autre (borne n° 4) sur le col de Tiraquaz ou Tirecohé, et encore une autre (borne n° 5) sur une petite hauteur dite vers les Viés ; d'où suivant les sommités des eaux pendantes, nous avons aussi crû devoir en faire planter une autre (borne n° 6) au plan de la Gouille, d'où descendant, suivant les sinuosités des eaux pendantes, nous sommes arrivés à la petite plaine qui est au dessus du col des Perties, soit des Perches, où nous avons fait planter une autre borne (borne n° 7) gravée comme dessus.
De là descendant suivant les eaux pendantes sur le dit col des Perties, ou des Perches, nous y avons fait planter une autre borne (borne n° 8) à la droite, et au bord du chemin allant de France en Savoie ; d'où suivant la frontière par les crêtes des eaux pendantes, et par la cime de la montagne de la Lauze ou de la Faisse, où se trouve une croix de bois, nous sommes descendus sur le col de Ferrent, lieu dit le Plan de la Fruitière, où nous avons fait planter une autre borne (borne n° 9) gravée comme les précédentes, à la gauche du chemin de Savoie en France.
De là la limitation suivant toujours la cime des rochers et glaciers par les sinuosités des eaux pendantes jusque sur la cime de l'Eguille noire, descend de là par les crêtes sur la cime de la Balme, soit de la Croix de Pichaux, où se trouve une croix de bois, et de là par les crêtes soit serrière de la Lauze, ce qui nous a conduit à la limitation convenue par le Procès verbal définitif de messieurs les Commissaires principaux de l'année courante pour la Montagne d'Olle entre les communautés de Vaujany en Dauphiné et de Saint Colomban des Villars en Maurienne.
Et pour exécuter cette partie de limitation, nous avons commencé par faire planter une borne (borne n° 10) gravée comme dessus sur la serrière de la Lauze ; d'où descendant aux sources du Rieu blanc formées par un ravin qui présente trois branches, nous avons, pour nous conformer à la carte relative au dit Procès verbal, pris pour la ligne de limite la branche, soit source du milieu, qui nous a d'ailleurs paru la plus abondante et dans l'alignement de cette même branche à la précédente branche, nous y en avons fait planter une autre (borne n° 11) à quelque distance au dessus de la dite source d'où la limitation descendant par le dit Rieu blanc, et remontant ensuite par le ruisseau d'Olle jusqu'au confluent de Nant de Billian, nous avons crû devoir faire planter sur les deux bords du dit Nant, et à égale distance du milieu d'icelui, deux bornes, (borne n° 12) (borne n° 13) l'une à droite, et l'autre à gauche du chemin tendant de France en Savoie, pour indiquer que le milieu de ce Nant forme la division des deux Etats, n'ayant, à ces fins, fait graver, sur chacune des dites bornes, de même que sur celles des Nants de Valcroue, et de Parcate, dans la frontière de Nice, et encore sur celle du pont des Gorges, dont sera parlé ci-après, que les armes du Souverain, sur l'Etat du quel se trouvent respectivement les dites bornes.
La limitation remontant ensuite par le dit Nant de Billian, et successivement par le rieu du Pin, continue par les crêtes de rochers inaccessibles jusqu'à la cime de celui de la Combe, et continuant toujours par les crêtes elle vient tomber sur le col de la Croix ; et ayant trouvé dans le milieu de ce passage un rocher fixe, nous avons fait graver (borne n° 14) sur la face orizontale d'icelui les armes des deux Rois, avec le millésime en signe de limitation.
De là la limitation suit par les eaux pendantes, et les crêtes jusqu'à la sommité du haut Pont, d'où descendant sur le col Merlet elle remonte à la cime des glaciers du Grand Charnier, d'où continuant toujours par les cimes, et crêtes elle vient tomber sur le Col de la Bourbière, où nous avons fait planter une borne (borne n° 15) de pierre à la gauche du chemin allant de Savoie en France, d'où la ligne des limites se repliant du côté du Nord, et continuant le long du ruisseau des Balmettes jusqu'aux sources de la rivière du petit Breda, soit de Bens, elle suit par le vallon de Saint Hugon, et par le milieu de cette rivière, qui après avoir coulé sous trois différents ponts de planches amovibles, et non susceptibles de limitation, passe ensuite sous le pont du Sarret au-dessus de la Chartreuse de Saint Hugon, sur le centre du quel pont, qui est d'un seul arc de pierre, nous avons fait planter une borne (borne n° 16) de pierre gravée comme les précédentes sur la gauche allant de France en Savoie.
De là nous nous sommes rendus sur le grand pont de Saint Hugon, qui est sur la même rivière, et d'un seul arc de maçonnerie, dans le milieu du quel nous avons aussi fait planter une borne (borne n° 17) sur le parapet de la droite allant de Savoie en Dauphiné, d'où suivant le cours de la même rivière, qui passant sous les ponts de Bens, et de Barret qui sont en trop mauvaise état pour être limités, vient ensuite se jeter dans le gros Breda, par le plus grand cours du quel la limitation continue passant ensuite sur le pont de bois des Millières, qui est aussi de planches comme les deux précédentes, de même que celui des Gorges, qui est au-dessous, tous également peu propres à être limité ; cependant pour indiquer aux passagers que le dit pont des Gorges, qui est le plus fréquenté est limitrophe, nous avons fait planter deux bornes, (borne n° 18) (borne n° 19) une sur chaque côté d'icelui, et à égale distance du milieu.
De ce pont la limitation suit par le cours de la même rivière jusqu'à la rencontre de la ligne droite établie par le Traité, et par la limitation de l'année dernière au travers de la Vallée de Grésivaudan, soit de l'Isére jusqu'à la rivière de ce nom, qu'elle remonte jusqu'à l'embouchure du Glandon, et de là jusqu'à la source de ce ruisseau, et successivement par les abîmes jusqu'à la Croix du col Dufrêne, où commence l'interruption, soit lacune qu'on fut obligé de laisser dans la limitation de l'année dernière, jusqu'à la source du Gujers vif, par rapport aux difficultés qui n'ont été applanies que par le procès verbal définitif de Messieurs les Commissaires principaux de la présente année, en exécution du quel, après avoir fait réparer le soubassement de la borne, (borne n° 20) et de la Croix de pierre, établies sur le dit Col Dufrêne en 1673, nous avons suivi la ligne convenue par le dit procès verbal, et par la carte y relative, par la Dent de Granier, et de telle pointe elle suit tout le long des rochers inaccessibles de Granier jusqu'à la pointe visant entre midi et couchant, d'ou elle descend suivant les crêtes sur le goulet de l'Arc, soit de l'Harpette de Bellecombe, où nous avons fait planter une borne (borne n° 21) gravée comme les précédentes, à la droite du chemin allant de France en Savoie.
De là la limitation suivant les sommités des rochers de la grande Roche du Truc, des Lanches, de l'Arc, et de Barbabillon, continue par les cimes jusqu'au Goulet de la Maye, où nous avons fait graver (borne n° 22) les armes des deux Rois sur un rocher fixe et vertical, à la gauche du chemin allant de France en Savoie, et comme les deux armes regardent la Souveraineté de Savoie, nous avons fait planter, à une toise de la sommité du rocher, une borne (borne n° 23) de pierre sans armoiries.
De la cime du dit rocher la limitation suit par les sommités de rochers inaccessibles jusqu'à la crête qui se trouve entre les montagnes de Valfroide, et de l'Arc, au midi de la grange du Sieur Carpinel, ou nous avons fait planter dans le trou d'un rocher une autre borne (borne n° 24) ; d'où la limitation suit par la sommité des eaux pendantes entre la montagne de l'Arc sur France, et celle de Valfroide en Savoie jusqu'à une autre borne, (borne n° 25) que nous avons fait planter sur la même crête, gravée comme la précédente, aux armes des deux Rois.
De là la ligne des limites remontant, suivant celle des eaux pendantes sur la cime du pré dit de l'Echaux ou du Cré de l'Arc, nous y avons fait planter une autre borne (borne n° 26) comme dessus ; et passant de là, à 65 toises et 5 pieds de Roi, de distance de la dite borne, et descendant par le penchant du dit pré, sur le Col de la Croix de l'Arc, ou de Valfroide, nous avons fait planter une autre borne (borne n° 27) à 9 pieds de Distance d'une croix de bois de sapin, qui se trouve sur France, et la dite borne est plantée à la gauche du chemin allant de Savoie en Dauphiné.
De la dite borne la limitation remonte par le cours de 32 toises, jusqu'à un rocher fixe qui se trouve à la droite du Goulet de Charnin allant de Savoie en France, sur le quel nous avons fait tirer (borne n° 28) une ligne droite pour marquer la division des deux Etats avec les armes des deux Souverains séparées par la dite ligne ; d'où la limitation remontant par les crêtes des rochers, qui sont à la tête du Vallon de Valfroide, et tombant ensuite sur le petit goulet de Valfroide ; et remontant par les cimes des rochers de la Rousse, elle continue par les crêtes de Valfroide jusque sur la cime du pré de l'Harpette, où nous avons fait graver (borne n° 29) les armes des deux Rois séparées par une ligne divisionelle comme dessus.
De là la limitation descend par le dit pré suivant les eaux pendantes sur une espéce de plateau à peu-près dans le milieu de la longueur du dit pré, où nous avons fait planter une autre borne (borne n° 30) ; d'où la limitation descend par la sommité du pré de l'Harpette suivant les eaux pendantes, jusqu'à peu-près au bas du dit pré, entre les Haberts, soit Challets de Monsieur le Marquis de Marcieu, et des habitants de Saint Même en Savoie, nous y avons fait planter une autre borne (borne n° 31) gravée comme dessus.
De là la ligne des limites se repliant entre midi, et couchant continue en ligne droite jusque à une autre borne (borne n° 32) que nous avons fait planter à la croisée des chemins qui conduisent aux montagnes de l'Harpette, et du haut du Seuil, et à la gauche du chemin allant de France en Savoie, la quelle borne est gravée comme les précédentes aux armes des deux Rois du côté de leur Souveraineté respective ; et de cette dernière borne la limitation se repliant entre Nord et Couchant, tend en droite ligne à la source du Gujers vif, d'où elle suit jusqu'au Rhône, et de la jusqu'au territoire de Genève, suivant les articles 1 et 2 du Traité.
Et comme les ponts du Gujers, et du Rhône furent limités l'année dernière, dans le même tems que la Vallée de Gresivaudan, par Messieurs les Officiers Ingénieurs à ce députés, leur procès verbal étant joint au présent, forme l'entière limitation des Etats des deux Souverains, depuis la mer Méditerranée jusqu'au territoire de Genève, en conformité, et en exécution du dit Traité, et du procès verbal définitif de Messieurs les Commissaires principaux ; à teneur des quels, et des cartes y relatives nous déclarons avoir procédé au susdit plantement, et rétablissement de bornes dès le 4 juillet, que nous avons planté la borne du pont de Rocasteron jusqu'au 3 du courant inclusivement, et sans interruption.
Nous avons au reste notifié aux Communautés intéressés le résultat de nos opérations par le moyen des consuls, ou autres qui y ont assisté de leur part, ensuite des avis que nous leur en avions donné, et les avons chargés d'en informer leurs Communautés respectives afin qu'elles ayent à s'y conformer exactement chacune ... rière soi, qu'elles veillent à la conservation de ces bornes ; et qu'elles soient attentives à donner ... des atteintes, ou variations, qui pourroient les altérer de quelle manière que ce puisse être ; et en soumettant le contenu de ce procès verbal à l'examen, l'approbation de Messieurs les Commissaires principaux, nous en avons signé deux exemplaires conformes.
A Saint Pierre d'Entremont le 4 octobre 1761.
Antoine Durieu, et François Potain Ingénieurs..."
* Toise : ancienne mesure
française de longueur valant 1,949 m.
** Pied : ancienne mesure
française de longueur valant 0.3248 m.
(Il y a exactement 6 Pieds dans une Toise)
... Illisible dans le texte