Dosfraires

Un petit mot de Monsieur Béranger lance la polémique sur l'appartenance de Dosfraires entre 1388 et 1760.
Provençale ou Savoyarde ?

Monsieur Béranger :

Ma famille, Béranger, est native d'une commune Dosfraires qui a disparu par ordonnance royale le 21 février 1841 pour être absorbée par la commune de Le Broc (Alpes-Maritimes). La notion de frontière m'obsède. Cette commune engloutie a-t-elle toujours été provençale ?

Bornes frontières :

Il semblerait que la commune de Dosfraires, au même titre que Gattières, ait quitté la Provence lors de la dédition de 1388. Cette frontière est restée inchangée jusqu'en 1760 (Traité de Turin du 24 mars 1760). Et tous les documents l'attestent, la commune de Dos Fraires a été supprimée et rattachée au Broc en 1842.
En résumé, Dosfraires a appartenu à la Savoie dès 1388, ensuite au Royaume de Sicile en 1713 et au Royaume de Sardaigne dès 1720. Disons plutôt a appartenu aux "Etats de Savoie".

Monsieur Béranger :

Un doute persiste concernant la dédition de Dosfraires et de la communauté du Broc en 1388.

En effet les archives communales de Le Broc (document E 097/001-AA 07) confirme sur parchemin en date du 3 juin 1390 les privilèges octroyés à la communauté du Broc par la reine Marie (mère du roi Louis d'Anjou) relatifs à la foire annuelle de Saint-Luc, au marché hebdomadaire du samedi, au droit d'albergue et de cavalcade et précisant que la communauté ne tient pas le droit des moulins des seigneur des lieux (les évèques de vence) mais directement du roi.

Un autre parchemin en date du 25 octobre 1427 (AA 08) fait cas d'une sentence du juge royal de St-Paul confiant l'arrentement de la boucherie du Broc à la communauté, contre les seigneurs du Broc qui voulaient s'en attribuer les bénéfices.

Un parchemin en date du 27 octobre 1443, confirme la reconnaissance des privilèges du Broc et de Dosfraires par le sénéchal de Forcalquier.

Voilà qui fait douter de la non appartenance de ces deux communautés à la "Provence".

Mais ce ne sont que des hypothèses.

Bornes frontières : Réagissez ! On attend vos commentaires...


Carte de César-François Cassini de Thury (origine BnF) extrait de la feuille 168,
la commune de Dosfraires porte le nom de "Deux Frères".

Carte Cassini Deux Fréres

Sur cette carte de César-François Cassini de Thury (origine BnF) extrait de la feuille 168,
la commune de Dosfraires porte le nom de "Deux Frères".
En rouge, la frontière entre la France et les Etats de Savoie.
Carte postérieure à 1760.


Carte de Jean-Baptiste Nolin (1686-1782) origine BnF.

Les Etats de Savoye et de Piémont

Sur cette carte de Jean-Baptiste Nolin (1686-1782) origine BnF,
la commune de Dosfraires est située comme Gattières, dans les Etats de Savoie.
Carte antérieure à 1760.


Tableau d'assemblage : Origine Dos Fraires. TA-1834
Archives départementales 25 Fi 25/1/A01

Tableau d'assemblage Dos Fraires 1834

Sur cette carte :
Au nord : Royaume de Sardaigne
A l'ouest : commune de Bouyon
A l'est : commune du Broc


Plaque sur la chapelle Sainte Marguerite (Le Broc)

Chapelle Sainte Marguerite

DOS FRAIRES

    Les premières mentions de Dos Fraires (Duobus Fratibus) remontent à 1180 et 1235 comme étant une seigneurie de Raimond Laugier.
    Pour un nombre d'habitants resté toujours très modeste, ce territoire reste très longtemps une curioisité institutionnelle en matière administrative avec une paroisse, deux communes et trois fiefs : Dos Fraires, Fougassières et le Pharaon avec au moins trois seigneurs, parfois plus, chaque fief étant quelquefois encore morcelé.
    En 1388, par la dédition de Nice, ces terres sont rattachées au Comté de Nice, relevant donc du souverain savoyard et deviennent une frontière géographique importante entre le royaume de Savoie et le Comté de Provence (la France).
    Entre le XVI et le XVII siécle, Fougassières et le Pharaon servent de support seigneurial à quatre familles de hauts magistrats niçois : Fabri, Lascaris, Dalmassi et Claretti. A cette époque, Dos Fraires fait l'objet de ventes partielles à De Raimondis, Fulcone Tombarel et Isoard Galli, la famille Lascaris se maintenant malgré tout dans son fief.
    Puis s'enchainent les changements de souveraineté au XVIIIème siécle pour ces fiefs et parts de fiefs : les Torrini porteront le nom de "comtes de Fougassières" jusqu'au XIXème siécle, le Pharaon parvient à César Denis Esclache, avocat en la cour d'Aix, tandis que la famille Martiny se partage Dos Fraires. En 1760, ce territoire devient français et reste en deux communes distinctes jusqu'en 1790 où le remembrement de communes rattache le Pharaon et Fougassières à Dos Fraires sous cette dénomination unique et ce, pendant 50 ans. Les seigneurs et co-seigneurs, propriétaires partagent les pouvoirs avec les autorités communales. En 1788, le maire consul Jean André Giraudi et le consul Jean Antoine Carlon, gérent administrativement cette commune.
    Ce n'est que le 13 mars 1841, que Dos Fraires est rattaché à la commune du Broc.

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