Entraunes moule son patrimoine.
Les bornes marquant la limite des royaumes de France et du Piémont ont été copiées dans leur état actuel.
C'est à l'instigation de Luc Thevenon, conservateur en chef du musée Masséna à Nice, qu'une opération de moulage de bornes frontières a été effectuée sur la commune d'Entraunes, aux alentours du col de la Cayolle.
Ces bornes étaient destinées, aux XVIII et XIX siècles, à marquer la limite entre le royaume de France et celui de Piémont-Sardaigne. Elles ont été gravées sur des dalles naturelles de grès, d'abord en 1761, suite au traité de Paris du 20 mars 1760 qui rectifia toute la frontière occidentale du Comté de Nice, puis en 1823 lorsque après avoir été occupés par la France révolutionnaire et bonapartiste, ces territoires furent rendus à la tutelle savoyarde lors de la restauration sarde. Un lys de France et une croix de Savoie ornent aujourd'hui ces bornes qui étaient également soigneusement répertoriées dans un registre.
Pour Luc Thevenon, l'objectif de cette opération de moulage est de conserver une copie de l'état actuel de ces vestiges du passé qui malheureusement se dégradent lentement avec l'usure du temps, avant d'en proposer la découverte au public.
L'Académia Nissarda, qui publie la revue Nice-Historique, a financé cette action, laquelle, selon ses responsables, dont P.L Malausséna et Lucien Mari entre parfaitement dans les buts de l'association à savoir la connaissance, la conservation et la valorisation de ce qui représente une page importante de l'histoire du Comté de Nice.
Parallèlement ce projet a été soutenu par le Parc National du Mercantour qui a fourni les moyens humains et logistiques, ces bornes frontières étant parfois situées à plus de deux heures de marche de la route du Col de la Cayolle aussi connue sous le nom de Route des Grandes Alpes.
Les travaux de moulage quand à eux ont été réalisés par un spécialiste, René David, qui a du quitter son atelier du musée archéologique de Cimiez pour participer à cette opération " à ciel ouvert ". Il était assisté par Roger Martini et par l'historien Denis Andréis, membres du bureau de l'Académia Nissarda.
Les Copies de sept bornes
Quatre jours ont été nécessaires pour récupérer les copies en négatif de sept bornes frontières gravées sur les lieux ancestraux de passage et d'échange commerciaux entre les différentes vallées de cette partie du Mercantour. Mesures, relevés, couverture photographique, ont accompagné la réalisation technique.
La commune d'Entraunes s'est volontiers associée à cette initiative et son maire Daniel Demontoux a d'ores et déjà le projet de valoriser ce patrimoine historique en intégrant une présentation de copies en résine de ces bornes dans le " circuit du patrimoine " qu'il met en place à Entraunes et qui permet en parcourant les rues pavées du village, de découvrir le patrimoine religieux et rural de ce charmant terroir du Haut Pays niçois.
(Extrait
de Nice-Matin du 24 septembre 2001)
Bourgue Louis
Empreinte à la Tête de la Gipière par M. René David
Photo Daniel Demontoux